CONCLUSION GENERALE
L'oxyde d'étain de part ces propriétés
optiques,
électriques et physico-chimiques représente un
matériau de
choix pour les applications industrielles. Cependant,
l'élaboration de
couches minces d'oxyde d'étain aux propriétés
structurales,
électriques et optiques contrôlées nécessite
un
contrôle strict des paramètres opératoires du
procédé de dépôt. Le réacteur
utilisé
au laboratoire est un réacteur de dépôt en phase
vapeur
assisté par plasma (PACVD). La technologie plasma impose de
caractériser la décharge luminescente afin de pouvoir
contrôler les propriétés physico-chimiques des
couches
déposées par le contrôle des conditions
expérimentales du plasma. Pour cela, nous avons effectué
une
étude rigoureuse permettant de corréler les
caractéristiques énergétiques et
réactionnelles de
la décharge en fonction des paramètres
opératoires. Ainsi,
nous avons couplé une étude théorique de
modélisation 0D à une caractérisation
expérimentale
de la décharge à l'aide de la spectroscopie
d'émission et
de la spectrométrie de masse. La modélisation nous a
permis
d'effectuer une caractérisation des processus
réactionnels entre
les différentes espèces du plasma mais également
de
qualifier la décharge d'un point de vue
énergétique.
L'étude de la décharge
effectuée sur des mélanges argon – oxygène a
permis
par une comparaison des résultats théoriques et
expérimentaux de mettre en évidence le caractère
hors
équilibre de la décharge utilisée. Ainsi, la
température électronique comprise entre 4 et 6 eV est
distincte de
la température de vibration de O2 (environ 1000 K
déterminée par le modèle). Cette dernière
est proche
de la température de vibration de l'état fondamental
l'azote
(N2[X]) mesurée expérimentalement (800-1000K).
Les
mesures par spectroscopie d'émission de la température de
rotation
de OH sont en accord avec les valeurs théoriques fixées
pour la
modélisation avec une température de rotation translation
du gaz égale à 350 K.
L'augmentation de la teneur en oxygène
dans la décharge engendre une chute de la
réactivité du
plasma caractérisée par une diminution de la
densité
électronique mais favorise la formation des espèces
oxydantes dans
le plasma telles que O (3P) par exemple. L'utilisation d'un
plasma
riche en oxygène et établi à forte puissance nous
permettra
d'avoir une densité électronique suffisante pour
permettre la
dissociation de la molécule organométallique ainsi qu'une
bonne
oxydation des produits de décomposition donnant lieu à la
formation de SnO2 et à l'élimination
importante du
carbone et de l'hydrogène résiduel.
L'étude de
plasmas argon – oxygène –
tétraméthylétain utilisés pour le
dépôt
des couches d'oxyde d'étain a révélé que la
présence du précurseur modifie que très faiblement
le
caractère énergétique de la décharge par
rapport aux
décharges argon – oxygène caractérisées
à la fois à l'aide de la modélisation et de
l'expérience. La spectrométrie de masse couplée
à la
spectroscopie d'émission a permis d'identifier les
espèces
excitées stables et ioniques présentes dans la
décharge. La
spectrométrie de masse a également permit de
déterminer le
taux de dissociation du tétraméthylétain et de
l'oxygène et ainsi que leurs évolutions avec les
paramètres
opératoires. Lors de l'allumage du plasma, nous constatons la
forte
dissociation du TME (plus de 90 % pour des puissances
supérieures
à 150 watts) accompagnée par la formation
d'espèces
caractéristiques de l'élimination des sous produits de la
dissociation du précurseur (carbone et hydrogène) par des
processus d'oxydation (formation de CO, CO2, H2O)
et de
recombinaison (formation de chaînes carbonées
saturées et
insaturées CxHyOz). La
formation de
telles espèces permettant l'élimination du carbone au
sein de la
phase plasma permet de déposer des couches d'oxyde
d'étain
exemptes de carbone.
A l'aide d'un réacteur plasma hors
équilibre en configuration triode (polarisation de
l'échantillon
par un second générateur R.F.), nous obtenons des couches
minces
(300 nm d'épaisseur) d'oxyde d'étain dont la
conductivité
électrique peut atteindre 90 Ω-1.cm-1
alors
que dans le cas d'une configuration diode, la conductivité est
proche de
10-2 Ω-1.cm-1 (soit une augmentation
de
près de quatre ordres de grandeurs). La structure des couches
est
homogène et présente une microstructure composée
d'îlots de 50 nm de diamètre qui englobent des grains de
plus
petite taille 15 nm).
Nous avons étudié
l'élaboration de composés mixtes SnO2 / fluor
et
SnO2 / antimoine. Dans le cas du fluor, l'introduction de
très
faibles teneurs de SF6 dans la décharge permet
d'augmenter
légèrement la conductivité électrique, 125
Ω-1.cm-1 pour des teneurs inférieures
à
0.05%, réalisant ainsi un dopage des couches d'oxyde
d'étain.
Cependant lorsque l'on introduit des teneurs supérieures, la
conductivité des couches chute brutalement vers des valeurs
inférieures à 10 Ω-1.cm-1. Ceci est
expliqué par une modification des propriétés
structurales
et chimiques des couches engendrée par la présence de
fluor
atomique dans la décharge.
En effet, ce dernier provoque d'une
part des processus de gravure par création de liaisons Sn-O-F et
d'autre
part des réactions de fonctionnalisation des films avec
création
de liaisons Sn-F ou C-F. La création de liaisons covalentes Sn-F
engendre
une localisation du fluor au niveau des joints de grains et/ou en
position
interstitielle dans la maille d'oxyde d'étain limitant la
mobilité
des porteurs de charge et donc diminuant la conductivité
électrique.
Des modifications morphologiques ont été
mises en évidence à l'aide de la microscopie
électronique
à balayage relevant une modification de la morphologie de
surface des
couches par apparition de clusters de diamètre 200 nm en surface
des
couches.
Dans le cas des couches mixtes à base d'antimoine, le
but est de créer des matériaux composites par inclusion
de
clusters métalliques au sein de la couche d'oxyde d'étain
à
l'aide de la pulvérisation d'une cathode d'antimoine
couplé au
procédé de dépôt. L'optique d'une telle
technique
est de pulvériser des atomes d'antimoine par bombardement
ionique de
l'électrode par les ions Ar+.
Dans les conditions
habituelles de dépôt (plasma composé de 33% d'argon
et de
66% d'oxygène), les mécanismes de pulvérisation ne
sont pas
présents du fait de la forte teneur en oxygène dans la
décharge qui diminue la densité électronique et la
densité en ions Ar+ dans la décharge. La chute
de la
densité de ces deux especes tend à diminuer la tension
d'autopolarisation au niveau des électrodes et le bombardement
par des
ions énergétiques.
Dans le cas de couches
déposées à l'aide d'un plasma argon – TME, nous
constatons la présence de clusters riches en antimoine d'un
micron de
diamètre en surface de la matrice constituée d'une couche
riche en
étain et pauvre en antimoine. L'augmentation du pourcentage
d'oxygène dans la décharge provoque la diminution de la
teneur en
antimoine suite à une baisse importante de la
pulvérisation de la
cathode mais favorise l'oxydation des produits de décomposition
du
précurseur. Le dépôt de films pour de faibles
teneurs en
oxygène dans la décharge (représentant les
conditions sous
lesquelles la pulvérisation est possible) conduit à la
formation
de films riches en carbone (due à la faible teneur en
oxygène) et
dont la conductivité est faible.
Dans la continuité de ce
travail, nous pouvons envisager de nouvelles perspectives:
- L'introduction dans le schéma réactionnel
utilisé pour
le modèle des espèces issues de la décomposition
du TME
afin de pouvoir comprendre les caractéristiques
énergétiques et réactionnelles du plasma
utilisé
pour le dépôt des couches d'oxyde d'étain.
- L'étude approfondie de la décharge par
spectrométrie de
masse permettant d'effectuer une étude quantitative des
espèces
présentes dans la décharge.
Ce procédé de dépôt de couches minces
d'oxyde d'étain ouvre la voie à l'élaboration de
matériaux composites pouvant être utilisés dans de
nombreux domaines mais également permet l'ébauche d'un
travail de dopage des couches d'oxyde d'étain en vue
d'améliorer les propriétés électriques.
Ainsi, il sera également possible de développer des
couches de SnO2 dopées au palladium par exemple pour
les applications capteurs chimiques (en cours d'étude au
laboratoire).
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